MÉDITATION et RUMINATION
Prenons conscience de la différence entre ruminer, rêvasser et méditer.
Le terme scientifique pour le premier groupe est pensées auto-générées.
Elles surgissent indépendamment de ce qui nous entoure ou de ce que nous faisons, et vont souvent dans un sens négatif. Elles surviennent fréquemment au lit le matin, pendant les trajets domicile-travail et en attente (chez le dentiste, à la caisse ou au téléphone).
Passons à la méditation pendant ces périodes en observant l’esprit au lieu d’être emporté par ce genre de pensées.
L’IMPORTANCE DE LA PLEINE CONSCIENCE
Au niveau le plus élémentaire, la pleine conscience signifie la prise de conscience de nos sensations, pensées, sentiments et actions.
Vous pourriez être surpris que des actions apparaissent également sur cette liste.
Pourtant, faire quelque chose et être conscient de le faire ne vont pas toujours de pair.
Exemple : Avez-vous déjà tourné en rond à la recherche de vos clés ?
Cependant c’est vous qui les avez mis quelque part.
De même, de nombreuses personnes conduisent trop vite, mangent et boivent trop sans s’en rendre compte.
La pleine conscience a un aspect pratique qui nous touche tous.
Les rapports de police montrent que plus de 60 % des accidents de la route sont dus à la distraction au volant, et selon des recherches de l’Université Johns Hopkins, les erreurs chirurgicales se produisent plus de 4 000 fois par an aux États-Unis. Les chirurgiens laissent des choses comme des serviettes ou des éponges à l’intérieur d’un patient, ou effectuent la mauvaise chirurgie ou opérent la mauvaise partie du corps. Et selon le ministère de la Sécurité publique du Québec, la moitié des incendies résidentiels sont causés par un manque de pleine conscience.
PLEINE CONSCIENCE AU QUOTIDIEN
Vérifions la tension dans le corps de temps en temps pendant la journée, parce que souvent il y a une tension inutile quelque part. Quels sont vos points chauds personnels: les épaules, le ventre, les yeux, le front ou autre? Il ne suffit pas de se détendre pendant seulement 20 minutes d’une période de méditation. C’est parce qu’en moyenne, nous sommes éveillés pendant 16 heures. Cela se traduit par 960 minutes.
20 minutes de détente par jour sur 960 minutes représentent environ 2 %.
Donc, en méditant une fois par jour, nous devenons plus détendus seulement 2 % du temps.
Le reste de la journée nous avons la même tension qu’avant.
PLEINE CONSCIENCE SUR LA ROUTE
La voiture est un tapis magique. Cela se fait sans aucun effort de notre part. Et ce sont les autres qui sentent la puanteur que produit un moteur à essence, pas le conducteur.
Voici deux habitudes de conduite aux conséquences importantes :
1. Accélérer puis freiner vers un feu rouge, un stop ou un virage.
2. Conduire dans un trafic stop-and-go. De nombreux conducteurs accélèrent et freinent constamment afin de suivre la voiture qui les précède. Cela gaspille du gaz. Les camionneurs roulent généralement à un rythme régulier, ils n’accélèrent pas et ne freinent pas constamment dans la circulation dense.
Vous pourriez penser qu’une accélération inutile ne gaspille que quelques gouttes d’essence, ce qui n’est pas grave. Pourtant, il y a près de 1,5 milliard de voitures dans le monde, et chaque conducteur pense la même chose. Si chaque conducteur gaspille une goutte, cela revient à1,5 milliard de gouttes, qui équivaut à 75 000 litres. Sur un an, cela représente 27 375 500 litres.
Gaspillez-vous plus d’une goutte par jour, peut-être 1 tasse ?
Cela représente 129 210 000 000 litres par an pour 1,5 milliard de conducteurs.
Nous gaspillons de l’essence à cause de nos habitudes de conduite, ainsi qu’à cause de la conduite émotionnelle.
La conduite émotionnelle consiste à conduire tout en se sentant triste, impatient, en colère ou agité, et selon les recherches, cela multiplie presque par dix le risque d’accident. La rage au volant est un type de conduite émotionnelle. Un autre type est illustré par quelqu’un qui conduit comme s’il venait de s’échapper d’une cage à la fin de la journée de travail.
LA PLEINE CONSCIENCE AU LIT
Nous ne contrôlons pas le sommeil, mais nous contrôlons les circonstances qui le rendent probable. Mon livre En Pyjama avec Bouddha, traduit en 11 langues, contient plusieurs trucs pour mieux dormir avec la pleine conscience. Récemment, le magazine Lion’s Roar m’a chargé d’écrire un article sur le sommeil. Cet article contient l’essentiel de mon livre. Voici un extrait:
« Pensez au confort de votre lit. Êtes-vous là pour en profiter, ou êtes-vous mentalement ailleurs, stressé par quelque chose qui s’est passé pendant la journée ou qui pourrait se produire demain ? Les pratiques de pleine conscience favorisent le fait d’être dans nos sens plutôt que d’être dans nos pensées, et d’être dans l’ici et maintenant plutôt que d’être dans le passé ou le futur. Vous pouvez être physiquement là lorsque vous êtes au lit, mais mentalement vous pouvez être ailleurs. Pendant la journée, la méditation de pleine conscience peut apporter un sentiment de contentement, de paix et de bonheur. La nuit, ces sentiments se traduisent par une attitude détendue et un meilleur sommeil.
Lisez l’article complet dans le numéro de mars 2023 de Lion’s Roar: https://www.lionsroar
PLEINE CONSCIENCE ET LA MALADIE
J’ai travaillé comme bénévole pendant six ans avec les patients atteints de cancer au Centre de bien-être de l’Hôpital Général Juif.
Voici trois enseignements que j’ai trouvés utiles dans mes groupes :
1. L’observation sans jugement des sensations, en particulier celles d’inconfort, de fatigue et de douleur, atténue ces sensations.
Les scans corporels, les scans de pensées et les scans d’émotions aident.
2. L’enseignement de Bouddha intitulé La Deuxième Flèche.
Cet ensieignement dit que la première flèche est la conséquence inévitable de vivre dans ce monde où la vieillesse, la maladie et la mort sont la norme.
La deuxième flèche est une attitude de non-acceptation et de victimisation. Cette attitude est caractérisée par des pensées telles que « Pourquoi cela m’est-il arrivé, c’est si injuste », « Qu’ai-je fait pour mériter cela », « Je ne suis pas chanceux », etc. Ces pensées peuvent causer encore plus de souffrance que l’inconfort physique et la douleur d’une maladie comme le cancer. Nous avons le contrôle sur cette deuxième flèche ; avec la pratique de la pleine conscience, nous pouvons en être conscients lorsque de telles pensées surgissent et les éviter.
3. L’exhortation du poète soufi Rumi à s’identifier au rosier plutôt qu’à la rose.
Le rosier continue de produire des fleurs plus belles les unes que les autres, tandis que chaque rose perd son éclat avec le temps. Cela nous permet d’apprécier la beauté et les merveilles de la nature avec une telle acuité que la perspective de nos propres problèmes’estompe.
PLEINE CONSCIENCE POUR LES ENFANTS
Deux Méditations Guidées pour enfants pendant la classe ou ailleurs:
RESPIRATION DU VENTRE
● J’inspire avec mes mains posées sur mon ventre. Je remarque ce que fait mon ventre. Est-ce que ça se gonfle ou se dégonfle ?
● Il y a deux façons de respirer :
- De la poitrine,
- Du ventre.
En respirant par le ventre, le ventre gonfle lorsque je respire. C’est ainsi que nous respirons tous lorsque nous dormons, car c’est la façon naturelle de respirer.
● Je garde ma main sur mon ventre pendant que je respire lentement et profondément, et je m’assure qu’il se gonfle lorsque j’inspire.
● Je tousse. Je remarque ce que fait mon ventre quand je tousse.
C’est ce que mon ventre doit faire quand j’expire.
● J’imagine qu’il y a un ballon dans mon ventre. En inspirant, je gonfle ce ballon. En expirant, je laisse le ballon rétrécir.
● Je fais cela 5 fois. J’inspire lentement pour que le ballon se remplisse. Je retiens ma respiration pendant une seconde, puis j’expire lentement et je laisse le ballon rétrécir.
LA BALANÇOIRE DANS LA COUR DE RÉCRÉATION
● Je m’assois bien droit, les deux pieds sur le sol, les mains sur le ventre.
Je respire profondément et lentement.
● Je pense à une fois où j’étais dans la cour de récréation sur une balançoire. La balançoire montait et descendait sans cesse. Mon ventre monte et descend comme une balançoire pendant que je respire.
● Je porte attention aux mouvements de mon ventre quand je respire.
● J’aime respirer comme j’ai aimé être sur une balançoire dans le parc.
● Je vérifie que les muscles de mes jambes, mon ventre, mes épaules, mon visage, et mon cou sont tous détendus.
● Si des pensées surgissent, je me dis : » Pas maintenant » et je retourne au plaisir de suivre ma respiration.
LA PLEINE CONSCIENCE PENDANT LES REPAS
Voici les quelques extraits de l’article de Joseph intitulé MIEUX SE NOURRIR: LA PLEINE CONSCIENCE À LA RESCOUSSE paru dans le numéro d’automne 2022 du magazine FLEURIR :
La faim fait écho à notre biologie. Pourtant, la biologie peut nous jouer des tours, et il arrive que nous ne puissions pas compter sur la sensation de satiété pour arrêter de manger. Les niveaux de l’hormone leptine (l’hormone de satiété) dépendent de plusieurs facteurs, notamment génétiques, mais ils ne changent pas immédiatement après avoir assez mangé. Il est alors possible de faire appel à la pleine conscience afin de manger raisonnablement.
En 2019 au Québec, 40 % des adultes de 18 à 74 ans présentaient un tour de taille considéré par l’Organisation mondiale de la Santé comme étant à risque de maladies cardiaques, d’hypertension, ou de diabète de type 2. Aussi en 2019, 2,3 millions d’adultes souffraient d’obésité abdominale, soit deux fois plus qu’en 1990. L’obésité, si elle n’est pas maîtrisée, implique une espérance de vie réduite de plusieurs années.Mais ce n’est pas tant que les personnes affectées manquent de jugement ; c’est aussi le fait de cette excentricité de notre système de signalisation qui fait que l’estomac se sent comme un puits sans fond. De plus, manger vite aggrave les problèmes, car il est alors bien plus probable que nous ayons ingéré beaucoup trop avant même de nous sentir rassasiés. La suralimentation ajoute un autre problème : elle étire l’estomac, et cela conditionne le corps à contenir plus de nourriture avant que la sensation d’être plein ne se fasse sentir.
Je pense que vous avez compris : n’attendez pas de vous sentir rassasié pour arrêter de manger. Décidez avant de vous asseoir à table quels plats et combien de chacun vous allez manger, et respectez vos décisions. Cette démarche volontariste vous permettra de manger non seulement la bonne quantité, mais aussi un repas équilibré.
Par ailleurs, la pleine conscience s’impose aussi en magasinant. Être futé quant à nos achats est d’autant plus nécessaire de nos jours, où le supermarché moyen contient désormais une gamme éblouissante de plus de 40,000 articles. Contrairement aux anciennes sociétés tribales, où tout le monde mangeait le même régime traditionnel, nos choix alimentaires sont devenus incroyablement vastes ; et il faut un minimum de connaissances pour naviguer dans ces allées de supermarché soigneusement empilées de tentations. Magasiner en conscience implique en l’occurrence de lire attentivement la liste des ingrédients de chaque produit. Si le recto des produits affiche le battage publicitaire pour nous inciter à les acheter, le verso est l’endroit où se trouvent des informations cruciales pour votre santé, souvent en petits caractères — alors, prêtez-y attention !
Magasiner en pleine conscience, c’est aussi faire la part belle aux produits de saison, locaux, éventuellement biologiques. Les marchés locaux offrent des produits moins transformés et généralement à plus haute valeur nutritionnelle. S’y rendre volontairement contribue aussi au bien-être de la société locale et encourage l’agriculture durable.
Nous contractons nos muscles lorsque nous sautons par dessus une flaque d’eau.
Est-ce que nous nous relaxons complètement après?
Chaque jour est comme un chemin de campagne plein de flaques d’eau.
La tension s’accumule si on ne se détend pas.
L’impatience est une autre source du stress. Elle sépare l’esprit du corps.
À l’épicerie l’esprit est déjà à la caisse, mais le corps attend toujours en ligne.
L’esprit est déjà au travail, à la maison, à la destination. mais le corps est coincé dans le traffic.
AMOUR ET RELATIONS INTIMES
L'amour est un sentiment. La relation intime est une histoire — l'histoire de la façon dont l'amour se déroule dans le temps entre deux personnes. La poésie classique ou les textes religieux ne parlent pas beaucoup des relations intimes. Roméo et Juliette n'ont pas vécu une relation intime. Nos grands-parents n'avaient pas de relations intimes dans le même sens qu’on donne à cette expression aujourd’hui. Ils avaient des mariages et parfois des liaisons. Mon soupçon personnel est que Bouddha n'avait pas de relations intimes non plus, malgré qu’il avait un mariage et un harem. Cette notion moderne n'existait pas à son époque. La relation intime est une danse de couple qui inclut un niveau sain d'attachement, et un fort sentiment de connexion. On peut aimer quelqu'un tout seul, même sans que l'objet de l’amour le sache, mais on ne peut pas avoir une relation intime seul. Les enseignements de Bouddha sur l'amour et le désir sont un peu solitaires pour moi—ils dépeignent ces émotions de manière unilatérale, un peu comme mon engouement pour le chocolat, plutôt que dans le confort réciproque d'une relation intime.